Rédaction
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7 février 2024 11:05
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En dépit des efforts menés en vue de son éradication, le mariage précoce continue de défrayer la chronique au Togo. Dans notre pays, 7% des femmes de 15 à 49 ans se sont mariées ou étaient en union avant l’âge de 15 ans, et 29% des femmes de 20 à 49 ans ont été dans les liens du mariage avant l’âge de 18 ans1. Selon le rapport 2016 de l’UNICEF, 6% des filles sont mariées à 15 ans et 22% à 18 ans2, et que 13% des adolescents sont actuellement mariés ou en union et que 15% des naissances ont lieu à l’âge de 18 ans.
Cette pratique qui hypothèque l’avenir de la jeune fille, plonge ses racines dans les pesanteurs socioculturelles et religieuses liées notamment, la volonté de protéger les filles contre les risques de déviances sexuelles, la crainte des grossesses hors mariage, le faible statut social de la femme et de l’enfant et surtout la pauvreté des parents. La dimension économique du phénomène est également une réalité. Selon, le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes des Nations Unies, « des stéréotypes profondément enracinés quant aux rôles et responsabilités des femmes et des hommes dans la famille et la société togolaise contribuent à perpétuer notamment le mariage forcé et précoce dans le pays ». Au nombre des facteurs qui favorisent le phénomène au Togo, figurent, la méconnaissance des droits de l’enfant, la vulgarisation insuffisante et inefficace des textes juridiques relatifs aux droits des enfants, et la faible portée des actions de lutte contre la pratique.Les filles ainsi engagées précocement dans des unions forcées perdent le chemin de l’école pour désormais mener une vie de couple, perdant au passage, leur droit à l’éducation, leur avenir se trouve désormais entravé. Elles sont discriminées par rapport aux garçons de leur âge qui, tranquillement poursuivent leur cursus scolaire. Plus que jamais, le phénomène dénie à la fille le droit à l’autonomie, à vivre à l’abri de la violence et de la contrainte.
Cas du Togo
Les filles mariées précocement, s’exposent à des périls de santé notamment lors de l’accouchement. En effet, de manière générale, le taux de mortalité maternelle et d’accouchement prématuré est plus élevé chez ces genres de filles. De même, la mortalité infantile et le faible poids des bébés à la naissance sont plus fréquents chez les enfants nés de mères trop jeunes.En dehors des textes juridiques qui le proscrivent, le phénomène continue de défrayer la chronique. Ce qui amène des organisations de la société civile, à entreprendre des actions en vue de son éradication, sur l’ensemble du territoire nationale, dans le but de garantir à la jeune fille un bon avenir. Le 27 décembre dernier, les principaux acteurs impliqués dans la dynamique, opérant dans les préfectures de Dankpen et de Bassar, se sont au cours d’un atelier tenu à Bassar, constitués en réseau pour mieux coordonner leurs actions. Il s’agit pour les participants de faire un réseautage avec des groupes de la société civile locale, des droits des femmes et des médias pour entreprendre des campagnes de plaidoyer, de sensibilisation et de d’éducation pour prévenir les mariages précoces des enfants par le biais de leur travail existant. L’objectif est de faire un plaidoyer mettant en réseau les acteurs communautaires clés des deux préfectures qui interviennent dans la lutte contre les violences faites aux filles/femmes. La grande règle est de consolider leurs actions en faveur des politiques et des lois visant à prévenir les mariages précoces et forcés sous toutes leurs formes (enlèvement, échanges ou négociation).