Si certains supputent sur la délicatesse du casting, au regard de la grandeur du défi à relever, d’autres murmurent, par contre, au sujet d’éventuels désagréments qu’auraient causé ce que bien d'analystes qualifient de "brusque" et "forcée" transition de la IVe à la Ve République (Flambeau des Démocrates/N°855 du jeudi 19 juin 2025)
Depuis le vendredi 2 mai 2025, date à laquelle Victoire Tomégah-Dogbé a remis sa démission, l’Exécutif togolais expédie les affaires courantes. Soit plus d’un mois et demi déjà que les Togolais sont dans l’expectative, curieux de découvrir le tout premier gouvernement de la Vème République, régime politique en vigueur depuis le 3 mai dernier.
Près de cinq années à la tête de l’exécutif, puis Victoire Tomégah-Dogbé rend le tablier. Pas parce que tombée en disgrâce vis-à-vis de Faure, mais parce qu’il fallait se conformer aux exigences légales. Le Togo tournait le dos à la 4e République. Et il faut se mettre en condition pour la transition vers le nouveau régime politique. Le régime parlementaire.
Dans le communiqué lu à la TVT officialisant son départ, le dernier Premier ministre dans l’histoire politique du Togo a salué « les efforts collectifs consentis pour consolider les bases de la République ». Tout en se félicitant d’avoir « accompagné la mise en place des nouvelles institutions dans un esprit de responsabilité et de loyauté ». Faure Gnassingbé a, pour sa part, exprimé sa reconnaissance à l’égard de cette dernière et de son équipe, soulignant notamment « leur engagement constant et la qualité du travail accompli dans une période déterminante pour la nation ».
Puis le 3 mai 2025, juste le lendemain, le régime parlementaire prend corps. Faure Gnassingbé prête serment devant la Cour Constitutionnelle au titre du Président du Conseil. Puis suit Jean-Lucien Savi de Tové, élu par le Congrès réuni en session, au titre de Président de la République. Mais quelques jours plus tôt, le Sénat, la seconde chambre du parlement se dote d’un bureau, avec à sa tête, Barry Moussa Barqué.
Accouchement difficile ?
Pendant que les machines des deux chambres du parlement tournent en plein régime, ce n’est pas le cas pour le gouvernement est visiblement à pas de senateur. Et pour cause.
S’il est vrai que gérer «les affaires courantes» signifie assurer le fonctionnement normal et quotidien d’une entité, généralement une administration ou un gouvernement, en attendant la mise en place d’une nouvelle direction ou la nomination de successeurs, c’est également vrai que c’est une période où l’on s’occupe des tâches administratives habituelles, sans prendre de nouvelles initiatives majeures ou modifier les politiques existantes. Une situation qui se traduit vraisemblablement par une certaine morosité qui marque actuellement l’action gouvernementale, chacun des ministres non seulement limité dans ses prérogatives, mais également se souciant surtout de son sort.
À l’analyse de nombre d’observateurs, l’attente devient trop longue, au point de se questionner sur ce qui pourrait en être le mobile. Si certains supputent sur la délicatesse du casting, au regard de la grandeur du défi à relever, d’autres murmurent, par contre, au sujet d’éventuels désagréments qu’auraient causé ce que bien d' analystes qualifient de "brusque" et "forcée" transition de la IVe à la Ve République.
«Tout porte à croire que Faure ne cherchait qu’à sauter le verrou de l’élection présidentielle. Et c’est après qu’il découvre l’immensité des dégâts collatéraux causés par cette réforme constitutionnelle, tant au plan administratif, politique que financier. Sinon rien ne saurait tout ce temps fou qui s’écoule», analyse un banquier et observateur avisé.
Mais loin d’être sceptique, d’aucuns supputent sur le fait que ce temps mis serait une sorte de «surprise de la part du Chef». Dans l’un ou l’autre cas, il se dégage une sensation d’accouchement difficile du nouveau gouvernement qui ne dit pas son nom.
Quoi qu’il en soit, il urge d’aller vite. Car, cela permettrait certainement de clarifier certaines situations confuses nées de cette réforme, à l’instar du cas du personnel de l’ancienne Primature, ou encore de situer l’opinion sur l’identité réelle du Secrétaire général du gouvernement. Puisque pour le moment, difficile de faire la démarcation dans les rôles et fonctions entre Sandra Ablamba-Johson et Christian Trimua.