Quand la femme se fâche...

Le pays donne l'impression de suivre le cours normal de la vie. Mais en réalité, un grand malaise couve l'histoire. Dans une atmosphère assez pesante et sur un air morose, le combat politique est à d'autres proportions plus inquiétantes, avec les sorties répétitives de l'ancienne ministre des Armées. Essossimna Marguerite Gnakadè. Il est désormais clair que Faure Gnassingbé a face à lui, un adversaire que l'histoire retiendra. Des voix dissidentes au sein de l'opposition, on en a connu. Au sein du sérail du pouvoir aussi, on en a vu. Des femmes de l'opposition, c'est aussi un fait. Mais une femme du sérail en adversaire politique, cela sort de l'ordinaire et c'est bien normal que l'opinion continue de s'interroger sur les intentions de madame Gnakadé.

Une tempête dans un verre d'eau, peut-on l'insinuer, au vu des combats incendiaires que le régime a réussi à éteindre. Mais à y voir de près, celle qui combat le système en place peut s'avérer redoutable à l'allure des évènements parce qu'elle porte deux pouvoirs, celle de la femme aux liens familiaux assez renforcés au sommet, et celle de la femme citoyenne qui a eu la chance de participer à la gestion de la chose publique. "Quand la femme se fâche", selon l'artiste chanteur, Hilarion Nguema, figure tutélaire de la musique Gabonaise, "le secret est dehors, il n'ya plus de promesse, il n'ya plus de confiance". La chanson caricature la situation actuelle et bien plus encore, parce-que la femme qui se fâche porte une double casquette. Femme "familiale" et "femme citoyenne" dont il faut saluer le courage de porter une voix dissidente contre un système qui l'a bercée, et d'une manière aussi caricaturale, comme cette vidéo dans laquelle elle a su choisir son accoutrement, sa posture, le cadre et ses mots.

Il faut saluer ce courage autant qu'il faut féliciter le Président du Conseil dans sa politique de promotion de la gent féminine aux postes décisionnels depuis son arrivée au pouvoir. La mesure porte ses fruits au-delà des attentes. Les femmes togolaises transcendent désormais les préjugés pour réclamer encore plus d'espace de liberté et de jouissance politique. Quelques années en arrière, on n'aurait pas pu imaginer cette réaction de la femme togolaise du "pouvoir" lorsqu'elle "se fâche".